Forcément impactées par la crise sanitaire, les nombreuses associations caritatives commingeoises s’organisent pour, malgré tout, continuer à venir en aide aux personnes les plus démunies. Tour d’horizon.
Alors que de nombreuses activités sont à l’arrêt partout en France, la solidarité peut-elle en faire de même ? En Comminges, où les associations caritatives brillent par leur activité tout au long de l’année, on répond par la négative dans la plupart des structures. Faisant face à des problèmes d’infrastructures trop étroites pour pouvoir appliquer dans la sérénité les strictes mesures barrières, quand ce n’est pas lorsque les bénévoles sont considérés comme des personnes à risque puisque âgées, certaines ont évidemment dû interrompre leurs oeuvres de charité : « Pour l’instant, les Restos du Coeur ne marchent pas. On attend des directives nationales. Nous aimerions pouvoir ouvrir au mois d’avril mais on ne sait pas. Il y a une population dans le besoin », constate Dominique Fourès, l’un des responsables de l’antenne saintgaudinoise de l’association.
Un collectif d’assos solidaires
Continuer coûte que coûte, la plupart ont toutefois réussi à le faire. À Saint-Gaudens, le collectif d’associations unies et solidaires, qui organise chaque année la journée du refus de la misère, s’est « réuni en visioconférence, pour savoir qui fait quoi », explique Karin Bernard-Guelle, animatrice territoriale du Secours catholique. Son association a dû cesser toute activité « physique » (les sites d’accueil de Saint-Gaudens, Cazères, Montréjeau et Luchon sont donc fermés, ndlr) mais continue néanmoins, à distance, « de maintenir le lien avec les personnes suivies toute l’année, pour remonter le moral.
Ça a l’air anodin, mais ça met du baume au coeur, car les personnes seules voient encore moins de monde. » Par le biais d’appels téléphoniques, de groupes Whatsapp ou via les réseaux sociaux, les bénévoles entretiennent donc des conversations avec les bénéficiaires les plus fidèles de l’association. « C’est frustrant, mais on essaie de casser le vide à distance. » Quelques bénévoles, comme à Cazères, bravent également le risque en sortant distribuer, dans les boîtes aux lettres de certains bénéficiaires, des chèques-services pour que ces derniers puissent aller faire leurs courses. « Les mêmes actions sont envisagées à Luchon «, ajoute Karin Bernard-Guelle. La Croix-Rouge, également présente dans diverses communes du territoire, se concentre pendant la crise sanitaire sur les secours, maraudes, et la distribution alimentaire. Un dispositif spécial, « La Croix-Rouge chez vous », répond aux besoins des personnes vulnérables confinées et isolées socialement.
Au téléphone (09 70 28 30 00), ces dernières pourront bénéficier d’une écoute et d’un soutien psychologique, à l’instar des actions orchestrées par les bénévoles du Secours catholique. Elles ont également la possibilité de commander des produits de première nécessité livrés par des volontaires. Le Secours populaire de Saint- Gaudens, lui, a uniquement maintenu l’aide alimentaire d’urgence, le mercredi aprèsmidi, et avec près de 280 personnes touchées en l’espace de deux semaines, on imagine le désarroi de ces dernières si l’association n’avait pu continuer cette activité. Installés depuis quelques mois dans leurs nouveaux locaux de la place Pégot, les bénévoles continuent donc de distribuer des paniers alimentaires ainsi que quelques produits d’hygiène, tout en respectant les mesures barrières : à l’intérieur du bâtiment, seulement un nombre réduit de bénévoles, masqués et gantés, quand les bénéficiaires font la queue à l’extérieur et respectent, grâce à des marquages au sol, la distanciation sociale. Des horaires ont été donnés à ces derniers pour éviter les attroupements.
« Le public reste nombreux, confirme la responsable de l’antenne saint-gaudinoise, Léa Georget. On livre aussi des colis à des personnes qui ne peuvent pas se déplacer. » Les services d’un mécanicien seraient d’ailleurs bienvenus au Secours populaire, qui doit pour le moment emprunter un véhicule à la mairie. Les bénévoles, eux, font jouer au maximum leurs réseaux pour continuer à recevoir des dons de toutes parts, notamment des grandes surfaces. « Des gens extraordinaires sont venus nous prêter mainforte, de nouveaux bénévoles et également des bénéficiaires », note la responsable.
Le Relais à 200 %
Enfin la question du logement surgit, et le centre d’hébergement d’urgence Le Relais, à Saint-Gaudens, continue d’y répondre. « Notre temps d’accueil est passé à 24 heures sur 24 depuis deux semaines », explique un salarié de l’association ADES Europe, qui gère le centre. En temps normal, ce centre est ouvert en fin d’après-midi jusqu’au matin. « On a mis tout un protocole en place. Il y a un flacon de gel hydroalcoolique à l’entrée, nous prenons la température des personnes tous les jours. Pour manger, ils sont trois par table, au lieu de six, de sorte à ce qu’on puisse respecter le mètre de distance. Les chambres, qui accueillent deux personnes, sont toutes complètes, à l’exception d’une, gardée disponible en cas de confinement nécessaire. » Les repas, préparés à l’hôpital, sont récupérés par un salarié chaque matin à un endroit isolé de sorte à limiter au maximum les contacts avec les personnes extérieures. « Les bénéficiaires ne sortent que pour acheter du tabac, et on leur demande de faire des stocks, ajoute le salarié. Les intervenants de la structure, comme les travailleurs sociaux, ne sont pas autorisés, et on demande aux gens de ne faire venir personne. Le public est très discipliné. À part les salariés, et les bénéficiaires, on ne croise personne. » A. Vergnaud
«On n’a pas tous les outils, on n’est pas équipés»
« On essaye de faire vivre les gens aussi bien que se peut », explique Nicolas Gaddoni, directeur général d’ADES Europe, qui gère le centre d’hébergement Le Relais à Saint-Gaudens. « On fait au mieux, dans une situation assez compliquée avec un lieu confiné, mais on n’a pas tous les outils. Sur toutes nos structures, on n’est pas équipés (l’association gère également des centres d’accueil pour enfants, comme à His, ndlr). C’est un peu démotivant pour les troupes, alors qu’on doit déjà composer avec des effectifs réduits. Nous devons repousser les congés ainsi que les récupérations. Pour l’instant, on n’a pas de cas positif dans nos rangs, mais quand ça va arriver… »
Inquiet, le directeur général de l’association basée à Prat-Bonrepaux, en Ariège, regrette le manque de considération des pouvoirs publics à l’égard de ces associations caritatives, en première ligne puisqu’elles rendent service à des personnes à risque. « Le problème viendra de l’extérieur, le danger vient surtout de nos professionnels qui ne sont pas protégés. J’ai dû récupérer des masques dans des Ehpad ! L’Agence régionale de santé ne nous considère pas prioritaires. On est des oubliés. »
Les ambulanciers toujours en première ligne
Anaïs et Jean-Pascal entourés de Sylvie, Cassie, Alicia, Kévin et Manu, des Ambulances St Go, sont sur le pont depuis le début de l’épidémie avec un planning bien chamboulé. Il ne leur est plus permis d’utiliser les véhicules VSL, mais uniquement l’ambulance pour permettre une désinfection complète entre chaque transport.
Ils se sont organisés en rotation de demi-journées deux par deux et s’ils ne sont pas sur les gardes Samu, ils sont malgré tout réquisitionnés en renfort sur demande de l’Agence Régionale de Santé (ARS). Il leur est demandé de véhiculer des cas de suspicion de Covid-19 jusqu’à l’hôpital de Saint-Gaudens sur demande du Samu. Le protocole de prise en charge est immuable : le médecin vient ausculter le patient dans l’ambulance pour le diriger ensuite vers le service adéquat, comme pour une prise en charge classique d’urgence pré-hospitalisation, avec un dossier suivi par le Samu. D’autres patients peuvent encore bénéficier du secours assistance, mais principalement pour des dialyses, des immuno et radio thérapies et globalement toutes les personnes immunodéprimées. Nous les remercions de leur engagement et leur souhaitons bon courage. Josiane Villeroy
Une mêlée de pâtisseries pour les Ehpad
Patricia Noël est en télétravail pour le secrétariat du Stade Saint-Gaudinois Luchonnais XV, qui est un peu au ralenti, alors elle a eu une belle et généreuse idée. Sa fille travaillant pour l’Ehpad Grand Horizon au Cuing, elle a décidé de remercier et soutenir le personnel en leur déposant des pâtisseries maison.
Devant le succès de cette initiative, les parents du club ont proposé de l’aider, et la chaîne des petites mains enfarinées s’étoffe de jour en jour. D’autres les soutiennent activement, comme Jean-Michel Ramos de la Halle aux primeurs de Ciadoux et dirigeant du SSGL, qui offre farine et fruits, et Laurent Boudrières, éducateur catégorie M12 du club, qui fournit les oeufs.
L’activité est maintenant très organisée et Patricia dépose, avec toutes les précautions nécessaires, les gourmandises aux divers Ehpad dont le Mas Saint-Pierre, l’Ensoleillade, Athéna, l’Espérance, etc. De beaux colis de beignets, tartes, cakes et diverses merveilles pour le plus grand plaisir du personnel soignant qui les remercie chaleureusement. Si vous voulez vous joindre aux pâtissières, contactez-les sur le Facebook : Stade saint Gaudinois Luchonnais XV.
Des masques et des petites mains
Face à la pénurie de masques, nombreux sont les Commingeois à venir en aide comme ils le peuvent pour confectionner des masques à destination du personnel soignant. Initiatives.
Violette de Boulogne donne des cours d’anglais dans l’association Partage et savoir, fondée par Khadja Bauer à Lombez dans l’esprit de la transmission et de l’échange. C’est typiquement cette philosophie qui a amené les bénévoles à confectionner depuis quelques jours des masques de protection en tissu pour les personnels hospitaliers et médicaux : « Parmi nos ateliers, celui de couture-broderie s’est mobilisé à l’appel d’une de nos adhérentes, infirmière à l’hôpital de Lombez. Après réunion avec l’équipe médicale et validation des échantillons de masques proposés, les machines à coudre de nos quatre couturières ont crépité, chacune à domicile. Les masques sont fabriqués à partir de tissus de récupération et de dons de draps. Nous travaillons aussi actuellement à une commande pour le CCAS de Samatan et pour la Croix-rouge. L’infirmière ramasse les paquets devant notre porte à une heure définie. » SN
Les bénévoles de l’antenne saint-gaudinoise de l’association Constance la petite guerrière astronaute mais aussi d’autres associations comme À la poursuite des étoiles, confectionnent des masques depuis le début de l’épidémie. La semaine dernière 150 masques ont été fabriqués avec des tissus (de type coton synthétique). « Nous faisons avec ce que nous trouvons, des commerces nous ont fait des dons et nous les en remercions », explique Angélique Chanteloup. Ils sont par la suite envoyés aux Ehpad, cabinets d’infirmiers, gendarmerie, maison de santé comme celle d’Aurignac où une quarantaine de masques ont été fournis. « C’est important que les gens sachent que nous sommes là pour eux dans ces moments-là », explique une bénévole. Pendant plusieurs jours, Christelle, Émilie, Chantal et Marie-Jo ont oeuvré pour fabriquer les nombreux masques qui ont été distribués. Mais par manque de petites mains pour effectuer la fabrication de masques, l’antenne de Saint-Gaudens va arrêter la fabrication. « Nous encourageons les gens qui savent faire à prendre le relais et à se renseigner auprès des personnes qui en auraient réellement besoin » glisse Angélique Chanteloup. Carole Gaston